Histoire de reims

L'histoire de Reims

Capitale de la Gaule Belgique, ville de bâtisseurs, cité des sacres, Reims est une ville à laquelle l'Histoire a donné un destin et un patrimoine exceptionnels. Elle offre certains des plus beaux édifices au service des rois de France, aujourd'hui inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco : la cathédrale Notre-Dame, le palais du Tau, l'ancienne abbaye Saint-Remi qui accueillent quotidiennement des touristes du monde entier. Souvent détruite notamment pendant la Grande guerre, la ville s'est toujours relevée jusqu'à devenir une ville hautement symbolique dans la plus grande diversité architecturale, donnant une belle place à l'art déco.

L’Antiquité

L'oppidum de Durocorter devient une cité importante dès le ralliement de ses habitants, le peuple belge des Rèmes à Jules César. Carrefour routier, capitale de la province impériale de la Gaule Belgique depuis le règne d'Auguste, la ville est dotée d'un réseau de voirie. 

Au début du IIIe siècle, quatre arcs monumentaux dont la Porte de Mars sont élevés pour servir de portes symboliques au cœur de ville. Ils enjambent les deux axes majeurs orthogonaux, cardo et decumanus, à l'intersection desquels le forum est délimité par un portique doit il ne reste que la partie semi-enterrée, le cryptoportique, entourant temple et édifices à fonction administrative et commerciale. 

Des monuments remarquables disparus aujourd'hui traduisaient la prospérité de la ville dont la population pourrait avoir atteint 30 000 habitants. À l'époque du bas empire, un rempart est élevé reliant les quatre arcs derrière lesquels la cité se reconstruit.

Le Moyen Âge

Le christianisme est introduit au milieu du IIIe siècle par l'évêque Sixte. Une première cathédrale avait été élevée au IVe siècle mais dès les premières années du Ve siècle un ensemble épiscopal est construit là où se succèdent plusieurs cathédrales jusqu'au chef d'œuvre gothique toujours en place. Toutefois plusieurs lieux de culte étaient apparus près des nécropoles au sud de la ville et c'est là qu'est enterré saint Remi, évêque illustre pour avoir baptisé à la fin du Ve siècle Clovis. Cet acte marque l’alliance entre l’Église et la monarchie franque. C'est cet événement qui justifiera Reims comme lieu privilégié pour le sacre des rois de France.

L'époque carolingienne fait de Reims le siège d'un archevêché auquel onze diocèses sont subordonnés : les archevêques Ebbon et Hincmar sont les acteurs du rayonnement de la ville qui va accueillir les écoles plus florissantes. C'est aussi grâce à l'appui du métropolitain de Reims, Adalbéron qu'Hugues Capet accède au trône. De nombreuses communautés monastiques s'installent : l'abbaye royale de Saint-Remi est à son apogée aux XIe et XIIe siècles dont témoigne la basilique, édifice roman remanié pendant le premier âge gothique, qui conserve des vitraux du XIIe siècle et abrite toujours le tombeau de saint Remi. Non loin de là, l'abbaye Saint-Nicaise (disparue aujourd'hui) est élevée au XIIIe siècle, dont l'église rivalisait avec la cathédrale.

La cathédrale, construite à partir de 1211, reste l'édifice le plus visité de Reims, admirée pour l'aboutissement technique de son architecture, la voûte de la nef culmine à 38 mètres de hauteur, et pour l'abondance de son ornementation : les vitraux reprennent les thèmes développés dans la sculpture à l'extérieur, emblématiques des sacres des rois de la Bible comme des rois de France.

Pendant ce temps la cité s'était développée et les terrains encore libres, lotis : à la fin du XIIe siècle l'archevêque qui avait doté la ville d'une charte de franchise, donne un terrain pour installer des artisans hors les murs. L'ancien forum, devenu marché aux draps et aux céréales, concentre une activité économique florissante. Il faut attendre le milieu du XIVe siècle pour qu'une nouvelle fortification réunisse par une seule enceinte l'ensemble de la ville, qui assurera son rôle défensif rapidement : les anglais sont devant la ville. En 1429, Jeanne d'Arc prépare le triomphe de Charles VII en le conduisant en notre ville pour y être sacré. 

La Renaissance

La famille des Guise-Lorraine illustre l'histoire locale. La ville est redevable au cardinal Charles de Lorraine de l'établissement de l'imprimerie, de l'université et du grand séminaire, le premier de France. Reims devient le centre de la Ligue. Il reste aujourd'hui fort peu des belles demeures construites alors (Hôtel de La Salle, Hôtel Le Vergeur...). La demeure des archevêques est transformée avec l'édification d'une grande salle portant le nom du Tau, qui accueillera les festivités civiles du sacre du roi.


Les XVIIe et XVIIIe siècles

Une réforme municipale entraînant la fusion du conseil de Ville et des échevins survient au moment de la construction de l'hôtel de Ville au début du XVIIe siècle présentant la statue équestre de Louis XIII, tandis que l'on élève un important collège jésuite. La ville souffre de la guerre de Trente ans et Colbert, natif de Reims, s'efforce de créer des industries pour dynamiser l'économie. En 1690, Robert de Cotte modifie la partie arrière de l'archevêché, en élevant une façade à l'esthétique sobre et régulière.

Une grande opération d'urbanisme, encore que souvent restée à l'état de projet, embellit la ville au XVIIIe siècle sous l'impulsion de Legendre qui installe au cœur de la cité une place royale dédiée à Louis XV dont l'effigie en empereur romain est érigée au centre. Des promenades publiques avaient été précédemment tracées en dehors des remparts.

La Révolution supprime neuf paroisses et entraîne la disparition d'une trentaine d'édifices religieux. En 1793, l'ampoule d'huile conservée depuis le baptême de Clovis, et qui servait au sacre des rois, est brisée. 

Le XIXe siècle

L'expansion de la ville, démographique et géographique, va croissante tout au long du XIXe siècle. Reims, après avoir été en 1814 le théâtre de la dernière victoire de Napoléon qui reprend la ville aux russes, accueille Charles X qui sera le dernier roi à prendre le chemin de Reims pour être sacré, événement qui en 1825 sera plus une parodie qu'un sacrement.

Le commerce des vins de champagne et de l'industrie textile qui ne tardera pas à connaître des vicissitudes, prennent un nouvel essor. Reims devient le berceau du commerce à succursales multiples. De nombreux édifices publics sont édifiés : palais de Justice, théâtre, cirque et manège, ou encore une basilique dédiée à sainte Clotilde, reliquaire des saints de France. 

Le XXe siècle

Juste avant la Première Guerre mondiale un collège d'athlètes est bâti dans un grand parc bénéficiant de diverses installations sportives. La ville accueille les premiers meetings aériens. Reims est anéantie au terme de quatre années de destructions, la ville avait du reste été totalement évacuée durant les six derniers mois du conflit.

Dans le chaos d'1 250 000 m3 de décombres, les monuments historiques, dont la cathédrale et la basilique Saint-Remi, sont relevés et la ville reconstruite par environ 400 architectes. La reconstruction se fait parfois l'écho de l'art déco en faveur dans les années 1920 - 1930 que la Bibliothèque Carnegie illustre particulièrement.

Mais le plus souvent l'architecture se fait éclectique : le fil de la rue égrène un catalogue de motifs décoratifs variés parmi lesquels la nature est une source d'inspiration fréquente pour ceux qui relèvent la ville. De grands artistes comme Maurice Denis ou René Lalique mettent leur talent au service de l'église de la cité jardin du Chemin-Vert.

La Seconde Guerre mondiale épargne la ville. Accueillant le quartier général d'Eisenhower, elle est le lieu de la signature de la capitulation mettant fin à la guerre en Europe, le 7 mai 1945 à 2h41 du matin. C'est symboliquement à Reims que le général De Gaulle et le Chancelier Adenauer en 1962 scellent la réconciliation franco-allemande par une messe solennelle en la cathédrale.

Quelques années plus tard le peintre Foujita décore " à fresque " une chapelle dédiée à la paix. Aujourd'hui les espaces publics sont réaménagés, différentes structures ont été réhabilitées à des fins culturelles et de nombreux musées permettent de revisiter le passé prestigieux de la ville dont le patrimoine ne cesse de s'enrichir avec la construction par exemple d'un centre des congrès, d'un conservatoire de musique et danse ou encore de deux médiathèques.